Diva 3.0 : le selfie comme performance artistique contemporaine

Portrait sarcastique d’une artiste 2.0 qui vend son ego en ligne, entre selfies omniprésents, pouces levés et cœurs rouges.

Anatomie d’une diva 3.0

La Diva 3.0 Elle a vu, elle a tout compris

Elle est entrée comme une apparition. Un souffle de tulle fuchsia, des lunettes noires plus larges que sa culture, et un smartphone vissé dans la paume comme un sceptre millénial. Elle ne disait pas bonjour, elle disait “Likez-moi”. Tout était contenu dans l’image : la posture, la moue, la lumière soigneusement calculée pour flatter l’ovale du visage. Elle ne venait pas à l’événement pour en être témoin, mais pour y être photographiée.

Elle est une artiste, dit-on. Performer, influenceuse, activiste de l’éphémère... Son œuvre ? Elle-même, remixée quotidiennement en carrousels et stories. Elle crée de l’instantané monétisable, vend son ego en pixels, s’expose dans des galeries qui sentent le devis Canva à plein nez.

Ses “posts engagés” ? Trois lignes en anglais approximatif sur la paix dans le monde ou le sort des méduses en Bretagne. Mais attention : le tout accompagné d’une photo suggestive prise devant un mur tagué “ART IS LIFE”.

Le spectacle commence avant la représentation : son arrivée documentée par elle-même, caméra frontale en embuscade. Elle ne regarde pas les gens, elle regarde si les gens la regardent. Et si par mégarde l’un d’eux détourne les yeux, un regard noir filtre derrière les verres fumés : “tu ne sais pas qui je suis ?”

Au cocktail, elle ne boit pas. Elle tient sa coupe de champagne comme un accessoire de plus. Elle ne mange pas non plus : la photogénie du pois chiche sauce curcuma étant encore sujette à débat. Elle reste près du mur végétal sponsorisé, parce que “la lumière y est plus douce”.

Et pourtant, on l’écoute. On la programme. Elle coche toutes les cases : diversité, féminisme light, look recyclable sur TikTok et discours calibré pour les panels. Elle est l’enfant légitime d’Andy Warhol et d’un algorithme Instagram. Mais version éco-consciente, bio-sororité et filtre granuleux vintage.

Et quand elle part, elle ne dit pas au revoir. Elle fait un “reel”.

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