Elle approche, elle revient, elle envahit les vitrines et les bandeaux publicitaires comme une gastro-entérite un lundi matin : la fête des mères. Ah, quelle belle tradition. Célébrer celle qui vous a porté, nourri, élevé... à coups de codes promo, de bouquets périssables et de publicités dégoulinantes de mièvrerie.
Car soyons honnêtes : cette fête n’est plus qu’un festival de marchands déguisé en tendresse familiale. Ce n’est plus une journée d’amour, c’est un Black Friday pastel, saupoudré de rose bonbon et de discours sur “l’amour inconditionnel” livré par Chronopost.
Les sites de e-commerce ont compris la leçon : en mai, fais ce qu’il te plaît, tant que tu consommes pour maman. Les suggestions d’achat pleuvent : bijoux “personnalisés” (fabriqués à la chaîne), parfums (achetés en panique à la caisse du supermarché), soins du visage (parce que visiblement, elle commence à faner), et box bien-être (parce qu’une bougie parfumée, c’est plus simple qu’un coup de fil).
Et si par malheur, tu n’as rien prévu ? Pas de panique, les algorithmes sont là pour te rappeler à quel point tu es un fils indigne. Instagram, Google, ta boîte mail : tout t’harcèle avec des messages façon culpabilisation 2.0. Tu aimes ta mère ? Prouve-le avec 49,90 €. Livraison offerte dès 60 € d’amour filial.
Pendant ce temps, les mères, les vraies, celles qui bossent, gèrent, endurent et écoutent sans qu’on leur demande, se retrouvent à sourire poliment en recevant une crème anti-âge emballée dans du plastique. Bravo les enfants. Bravo surtout la pub.
Et le pire ? C’est que tout le monde fait semblant d’y croire. L’État y va de son petit mot. Les écoles obligent les enfants à coller trois pâtes sur une feuille de Canson. Les influenceuses font semblant d’être émues en déballant leur collier gravé "Best Mum Ever" sponsorisé par un site turc.
Mais une fois les fleurs fanées et les boîtes de chocolat vidées, que reste-t-il ? Pas grand-chose. Car l’amour, le vrai, ne s’emballe pas dans un coffret édition limitée.
À toutes les mères qu’on ne visite jamais sauf ce jour-là, à celles à qui on envoie un “merci pour tout” automatisé avec un emoji cœur : sachez que le marché vous salue bien.
Et pour celles qui n’ont plus de mère, ou qui n’en ont jamais eu vraiment, cette grande kermesse des bons sentiments calibrés est une gifle de plus, vendue 9,99 € chez Interflora.
La fête des mères ? Une brillante invention du marketing, une ode à la consommation masquée en câlin. Un jour où on achète pour éviter de parler. Où l’on paie pour se donner bonne conscience. Une fête, oui. Mais pour les comptes en banque.