Florent Pagny est de retour. En pleine forme, micro en main, regard franc, voix rauque et sourire de vainqueur. L’image du type qui a combattu la maladie avec panache, l’icône populaire qui revient de loin, acclamée par une France émue aux larmes. Rien à dire sur le parcours de l’homme face au crabe : chapeau, sincèrement.
Mais derrière les larmes et les standing ovations, une question qui chatouille un peu l’échine fiscale : n’a-t-on pas un peu trop vite oublié les exils en Patagonie, les interviews façon "j’fais c’que j’veux avec mon pognon", et les bras d’honneur au fisc made in France ?
Un exil fiscal assumé… et oublié ?
Avant d’être ce symbole émouvant de résilience, Pagny, c’était aussi le mec qui chantait "Ma liberté de penser" pendant qu’il filait vivre entre le désert argentin et les avantages du statut d’expat. Et pas pour le soleil. Pour l’ISF.
« Je suis un homme libre, j’ai le droit de ne pas payer ! »
(Bon, pas mot pour mot, mais presque.)

L’image du rebelle fiscal devient-elle une carte de fidélité ?
On l’aime Florent, bien sûr. Il chante vrai, il parle franc, il a du style et il a survécu à The Voice ET à Pascal Obispo, c’est dire. Mais à force de jongler entre image d’artiste du peuple et plan de carrière d’évadé fiscal malin, on finit par se demander : jusqu’à quel point peut-on se faire acclamer tout en se planquant derrière une boîte aux lettres en Uruguay ?
Et les autres artistes, ils font quoi eux ?
Pendant que Pagny se soigne en Argentine et revient couvert de roses, certains artistes engagés rament dans l’ombre, paient leurs impôts plein pot, et n’ont jamais songé à exiler leur guitare à l’étranger.
Renaud boit, mais il reste. Lavilliers radote, mais il paye. Et Brel, lui, a carrément acheté une île… mais sans défiscaliser les royalties de "Ne me quitte pas". Bref, y a des mecs qui assument.
La mémoire du public est-elle trop courte ?
La France est généreuse. Elle aime pardonner, surtout quand il y a une bande-son larmoyante derrière. Mais certains grognent sur les réseaux : "C’est facile d’être populaire quand on n’habite pas ici les 183 jours réglementaires." Peut-on dissocier l’artiste et le contribuable ?
Florent Pagny est un sacré chanteur, un battant, une gueule. Mais côté cohérence entre discours et domiciliation fiscale… disons qu’on a vu mieux. À chacun de choisir s’il écoute l’artiste… ou s’il entend aussi l’homme.