Pourquoi on nous infantilise partout, tout le temps ?

Pourquoi on nous infantilise ? Du QR Code aux pubs pour yaourts

QR codes, pubs débiles, applis cruches : on est traités comme des enfants. Petite autopsie satirique de l’infantilisation généralisée.

Vous l'avez senti, vous aussi ? Cette impression que tout est devenu plus simple. Trop simple. Simpli-fié à outrance. Même les notices Ikea ont l’air de s’adresser à des gosses de maternelle. Et ce n’est pas que vous devenez vieux. C’est juste qu’on vous infantilise à tous les étages. Le règne du QR code : “Regarde, c’est magique !”

Tu veux un menu ? Scanne. Tu veux t’inscrire ? Scanne. Tu veux comprendre ton assurance auto ? Scanne.

Le QR code est devenu l’ultime joker de la flemme intellectuelle. Il évite d’avoir à expliquer, structurer, écrire. On remplace un lien par un carré noir et blanc. C’est ludique, c’est rapide, c’est... bête à pleurer. Et surtout, ça empêche toute forme de recul : on clique avant même de comprendre ce qu’on lit. Pubs pour yaourts, produits ménagers et shampooings : l’ère du "wouah trop cool" Nous prendraient-ils pour des enfants ?

Avez-vous remarqué ? Plus un produit est trivial, plus la pub le vend comme une révolution digne de la NASA. Un yaourt devient "une expérience sensorielle unique". Un balai est "connecté à vos émotions". Une lessive est "respectueuse de votre moi intérieur".

Et tout cela est dit sur un ton faussement complice, comme si on te parlait dans une cour de récré. « Tu savais pas ? Mais t’es trop has-been ! » Voilà le message sous-jacent. Les pubs ne s’adressent plus à l’adulte critique mais à un enfant crédule, prêt à gober n’importe quoi tant que c’est dit avec des bulles de savon et une voix enjouée. Applis, sites, démarches en ligne : tout pour que tu ne penses plus

Même les impôts, autrefois bastion du jargon indéchiffrable, veulent te parler comme une peluche. « Bonjour, je suis ton assistant fiscal ! Tu veux faire ta déclaration ensemble ? C’est super facile, promis ! » Et si tu cliques pas, ils t’envoient un mail avec des smileys pour t’expliquer comment "régulariser ta situation" (c’est-à-dire payer sans râler).

On en est là : des interfaces conçues pour des enfants de 5 ans, mais qui masquent des enjeux adultes, complexes, et souvent bien opaques. Mais pourquoi cette infantilisation ?

Parce qu’un citoyen qui doute, qui comprend, qui compare, c’est dangereux. Un consommateur qui réfléchit, c’est moins rentable. Et un adulte, un vrai, c’est moins docile.

On préfère vous parler comme à des enfants. Car un enfant, on peut le séduire facilement. On lui donne une sucette (ou un cashback), un dessin animé (ou une pub TikTok), et il fait ce qu’on attend de lui. Et si on arrêtait de se laisser faire ?

Pas besoin d’être complotiste pour s’en agacer. Il suffit d’ouvrir les yeux. Refuser de scanner sans savoir. Lire au lieu d’écouter les voix doucereuses. Se méfier des interfaces trop colorées. Et surtout, revendiquer son statut d’adulte pensant, râleur, et pas toujours d’accord.

Parce qu’à force de nous prendre pour des gosses, ils finiront par être surpris qu’on ait grandi.

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