Ils en rêvaient, ils l'ont ressorti du placard à naphtaline : l’uniforme scolaire revient, repassé de frais, prêt à devenir le pansement textile d’une école en ruine.
Dans les beaux discours, il est le symbole de l’égalité. Même cartable, même cravate, même chance ? La belle affaire. Pendant que les classes explosent, que les AESH pleurent leurs contrats, que les profs désertent et que les inégalités scolaires se creusent à la truelle, voilà qu’on nous vend la couture comme outil de justice sociale.
On en oublie presque que l’uniforme a deux principales vertus :
Faire croire qu’on fait quelque chose,
Et détourner le regard du reste.
Car derrière la chemise blanche et le pantalon marine, les fractures sont bien là. On peut ranger les ados comme des soldats, les faire marcher au pas, gommer leurs différences de look — mais certainement pas leurs différences de conditions. Les inégalités ne se repassent pas à coups de fer à vapeur.
Et pendant ce temps-là, la France entière débat de boutons et de blazers… Pendant que les toilettes sont cassées et que les élèves n’ont pas de quoi acheter des livres.
On organise donc des "expérimentations", ces simulacres de démocratie locale où l'on demande aux parents s’ils préfèrent le polo rayé ou le pull col V. Les vrais choix, ceux sur le nombre d’élèves par classe ou la hausse des budgets, attendront bien un prochain quinquennat. Ou pas.
Mais attention, hein : on ne fait pas ça pour faire joli. On le fait "au nom des valeurs". On "protège les enfants". On les habitue à l’uniformité — en espérant qu’un jour, ils ne réclament plus jamais la diversité.
Car c’est bien ça le fond de l’affaire : moins on leur apprend à penser, plus on les habille pour obéir.